Cultures numériques
dans l’enseignement

1. Collaboration et apprentissage


1.2 Leur place dans les référentiels ?

Les compétences en lecture et écriture numérique sont intégrées dans le cadre des B2i (brevet informatique et internet) qui comprend trois niveaux : école primaire, collège et lycée.

1 : Au niveau de l’école primaire, le référentiel du B2i (brevet informatique et internet ) met l’accent sur la maîtrise des points fondamentaux de la lecture numérique : il s’agit notamment :

– de savoir accéder à des classes de documents différents (manuel ou livre numérique, podcast..)

– de savoir utiliser les organisateurs sémiotiques d’un document (outils de menu, hyperliens…).

– de savoir utiliser, rassembler les informations issues de différents documents numériques.

Il n’y a pas d’accent mis sur le travail collaboratif et l’écriture en ligne mais le domaine 5  évoque néanmoins la « participation à un blog ou à un réseau social ».

Or, selon Michèle Dreschler, IEN conseillère TICE premier degré auprès du Recteur de l’académie d’Orléans Tours, l’enseignant « doit devenir chef d’orchestre, scénariste, en composant avec toutes les potentialités apportées par le numérique (interactivité, multimédias, accès aux ressources…) pour créer des situations d’apprentissage. Les interactions entre pairs peuvent être renforcées. Le numérique facilite le développement des environnements personnels d’apprentissage des élèves.

Ce point de vue traduit une volonté institutionnelle d’inciter les enseignants de l’école primaire à développer les situations de travail collaboratif avec les outils numériques, au delà du cadre du B2i qui est encore assez laconique sur ce point.

2 : Le B2i College

Le B2i est intégré dans le socle commun de connaissances et de compétences à acquérir à l’école où il constitue le quatrième pilier de « la maîtrise des techniques usuelles de l’information et de la communication (TUIC)

Il met l’accent sur la dimension de l’évaluation de l’information qui est une compétence clé de la lecture numérique : en effet comme le souligne Alexandre Serres, « dans l’univers du numérique, contrairement à celui de l’imprimé, l’évaluation, la hiérarchisation, la validation des informations se font après la mise en ligne, par les lecteurs ».

Jean François Rouet, directeur de recherches au Cnrs,  note de son côté que  » cette difficulté accrue de la lecture contemporaine mérite d’être reconnue comme un objet d’enseignement spécifique, largement interfacé sur l’enseignement des disciplines qu’il contribue à nourrir, mais méritant ses programmes, ses temps et ses méthodes spécifiques tout au long de la scolarité primaire et secondaire, voire au delà ».

L’usage des réseaux sociaux est évoqué, dans le domaine 5, sur le mode de l’injonction à la prudence et à la responsabilité.

3 : Le B2i lycée introduit la compétence de veille informationnelle qui nécessite un environnement de lecture / écriture numérique associant des outils et des compétences variés. Il renforce donc la spécificité de la lecture numérique et valorise l’usage des réseaux sociaux.

Rénové en 2013, ce nouveau B2 lycée met l’accent sur la dimension du travail collaboratif à travers la participation à une production numérique collaborative (site collaboratif, wiki…). Il souligne aussi l’émergence des réseaux sociaux au coeur des pratiques sociales liées au numérique et prend notamment en compte celles des jeunes : selon plusieurs études dont celle du Réseau information jeunes Bretagne de 2013, on observe ainsi depuis 2010 une augmentation très  significative (+20%) de l’usage des réseaux sociaux  pour accéder à l’information.

Les limites des B2i : 

A l’école, les compétences liées à la culture numérique relèvent encore du cadre des B2i qui est l’objet de controverses car il peine à articuler toutes les dimensions des pratiques numériques. Ce point de vue est partagé entre des chercheurs en sciences de l’information  comme Divina Frau Meigs et les auteurs du rapport Jules Ferry 3.0  du Conseil national du numérique pour qui « le B2i n’est pas bien intégré à l’enseignement, et le plus souvent, il n’existe pas d’enseignant, ou d’équipe pédagogique, qui en soit responsable. L’élève obtient ce certificat en réalisant des exercices, seul chez lui, un peu abandonné devant son écran, ou au mieux en classe de technologie ; il y n’a pas de liaison explicite entre ces exercices et les autres matières qui lui sont enseignées ».