1.4 Inégalités et numérique
La sociologie de l’école s’est principalement intéressée aux inégalités depuis sa création. L’illusion de l’égalité de traitement a disparu et le rôle reproducteur (des inégalités) de l’école est apparu au grand jour. De plus, les pédagogies « nouvelles » ont vite été soupçonnées d’accroitre encore les inégalités. Les élèves issus des milieux favorisés étant plus en phase, spontanément, avec le type de rapport aux savoirs qu’elles supposent. Des études comparatives entre des manuels scolaires des années 1940 et d’autres datant de 1990 pourraient laisser penser que « c’était mieux avant » et que le fait de guider l’élève pas à pas était plus « égalitaire » que de le laisser construire son parcours de lecture à travers une page possédant plusieurs entrées possibles. Ces résultats peuvent être exploités par les partisans d’une école « traditionnelle » et un retour « aux bonnes vieilles méthodes » mais, ils ont surtout l’intérêt de nous aider à garder en mémoire que :
- Ce qui est nouveau n’est pas, par essence, plus efficace
- La complexité des situations proposées aux élèves est souvent ignorée (phénomène de transparence bien connu : un élève suit…. Donc tout le monde suit.. ou en serait capable). cette complexité cachée, ce curriculum caché doit être examiné de près.
On en retient que les situations complexes ne doivent pas être évitées, mais au contraire travaillées pour être rendues accessibles à tous les élèves.
Le numérique est arrivé à point nommé pour reconfigurer la question des inégalités. Il constitue, selon certain, une chance de les diminuer et constitue, pour d’autres, un danger d’aggravation, si on n’y prend garde.
On distingue communément la fracture d’accès au numérique de la fracture d’usage. Si la première est bien prise en compte, la seconde est plus difficile à traiter. Elle interpelle la culture légitime qui seule trouve sa place à l’école.
A l’heure du numérique, l’école doit apprendre l’autonomie aux élèves. Et pour ce qui est de la lecture/écriture, elle doit tenir compte de la diversité des documents qui leur sont proposés. ceux-ci font la part belle aux images. Ils sont le plus souvent non linéaires et sont à comprendre comme des objets de communication.
Pour résumer, il faut passer d’un modèle où l’élève est le plus souvent récepteur à un autre paradigme de production d’ensembles rédactionnels, qui utilisent les outils les mieux adaptés au contexte.