Cultures numériques
dans l’enseignement

2. La veille en contexte éducatif


2.4.3. En matière de veille, y a-t-il d’un côté les professionnels et de l’autre les amateurs ?

Aujourd’hui, cette distinction semble perdre un peu de sa validité. C’est une bonne chose, si cela permet de saisir qu’il n’y a pas d’un côté « ceux qui savent tout sur un sujet » et de l’autre « ceux qui ne savent rien ». C’est ce que semble dire Patrice Flichy à  travers son ouvrage « Le sacre de l’amateur » (2010).

C’est un réel danger si cette tendance amène à considérer que tout se vaut : l’avis de l’expert d’un domaine et celui de « l’homme de la rue », que l’on interroge dans le cadre d’un « micro-trottoir ».

Cette distinction est utilisée par Camille Alloing, ingénieur R&D à la Poste Courrier, doctorant et auteur d’un article intitulé «Curation et veille : quelques différences fondamentales », dans la revue Documentaliste-Sciences de l’information, 2012, Vol. 49/1 p. 31-32. Dans cet article, il tente de distinguer entre la posture du curateur, qui s’intéresse, en amateur souvent éclairé et de manière libre, à des sujets qu’il choisit et celle du veilleur, plus professionnel, qui agit dans une institution, avec des règles, utilise des outils plus puissants, et se centre sur l’analyse des documents.

Aucune de ces postures n’est proche de celle de l’enseignant. Cependant, la démarche d’un professionnel de l’éducation serait plus proche du second modèle, celle du veilleur.

En première analyse, l’enseignant (ou l’étudiant en Master MEEF, plus précisément) qui souhaite comprendre ce que peut être la veille, peut se référer à ses propres pratiques dans les domaines qu’il affectionne (loisirs, culture, centre d’intérêts..). Il peut ainsi considérer qu’il suffirait de transposer cette façon de faire (naturelle) au domaine professionnel, sous la forme d’une enquête.

La distinction proposée plus haut par Alloing attire notre attention sur le fait que cette transposition est tout sauf automatique et transparente. La veille exige de s’intéresser, dans le cadre de sa profession à des sujets qui a priori, ne nous attirent pas spécialement.

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Source Pixabay