Cultures numériques
dans l’enseignement

5. Les outils


5.4.1 Qu’est-ce qu’une plateforme de partage de signets ?

A/ D’où viennent ces outils ?

Les plateformes de partage de signets s’inscrivent dans une double lignée d’outils :

– d’une part, les gestionnaires de signets : ces outils déjà anciens, apparus avec le web, permettent à l’internaute de garder une trace de ses navigations, de mémoriser ses trouvailles, d’accéder rapidement à ses sites favoris. Les plateformes de partage de signets assurent les mêmes fonctions que les gestionnaires de signets, qu’il s’agisse des outils intégrés aux navigateurs (marque-pages sur Firefox, favoris sur Internet Explorer), d’extensions ou d’outils autonomes (cf cet exemple de liste sur Logithèque.com) ;

– d’autre part, les plateformes de partage : on entend par là toutes les plateformes de partage de fichiers, de toutes natures (textes, sons, images, vidéos, etc.), aujourd’hui très connues sur le web social. Il faut savoir que les plateformes de partage de signets, appelées aussi marques-pages sociaux, ou plateformes de social bookmarking, pour souligner leur aspect collectif, social, figurent parmi les toutes premières plateformes de partage : Delicious est apparu en 2003, avant Facebook, et a symbolisé alors ce qu’on commençait à appeler le web 2.0. Les plateformes de partage de signets ont ainsi préfiguré les grandes plateformes mondiales, devenues célèbres : partage de photos (Flickr), de vidéos (YouTube), de présentations (SlideShare), etc.

 

B/ Quelle définition, quelles spécificités ?

Une plateforme de partage de signets est un serveur web offrant gratuitement aux utilisateurs la possibilité de sauvegarder leurs signets (bookmarks ou favoris), de les indexer avec des tags, de les gérer, de les rendre accessibles à tous, de s’inscrire dans des réseaux d’utilisateurs, etc.

En bref, une plateforme de partage de signets, ce n’est pas :

un moteur de recherche, même si on y trouve des fonctions de recherche et si l’on peut l’utiliser comme outil de recherche ;

un agrégateur de fils RSS, ou une page personnalisable (Netvibes) : les signets ne sont pas des fils RSS mais des URL de pages web ;

un réseau social (comme Facebook, Twitter…), même s’il y a du « social bookmarking » et des fonctions de réseaux sociaux (abonnés, abonnements) ;

un logiciel de veille (de type Digimind), même si elle peut s’intégrer dans le cycle de la veille, et constituer un précieux outil de veille ;

un outil de travail collaboratif (comme les wikis), même si elle propose des fonctions collaboratives.

 

C/ Une double dimension, un double intérêt

Une plateforme de partage de signets est un outil de travail à la fois personnel et collectif.

Comme outil de travail personnel, elle permet de :

– filtrer les ressources web ;

– garder la trace de ses navigations, se constituer une mémoire personnelle de toutes ses trouvailles importantes ;

– stocker et capitaliser les résultats d’une veille personnelle ;

– enrichir ses signets : en les indexant par des tags, en y ajoutant un résumé… ;

– organiser et classer ses signets : par catégorie, par tags, par listes… ;

– gérer facilement sa collection de signets : mettre à jour, éditer, supprimer… ;

– rechercher parmi sa bibliothèque de signets, par exemple pour retrouver une ressource trouvée il y a plusieurs années ;

– importer et exporter ses signets.

 

Comme outil de travail collectif, une plateforme de partage de signets permet de :

– diffuser, recommander, partager ses signets (voir par exemple les Listes Diigo : « Veille » ou « Evaluation de l’information ») ;

– découvrir et suivre les ressources mémorisées par les autres, identifier et suivre des leaders de veille (par syndication) ;

– constituer des groupes et effectuer une veille collaborative (voir par exemple les Groupes Diigo « Evaluation de l’information » ou « Lecture et écriture du texte numérique » ;

– capitaliser et créer des « réseaux de confiance », des communautés expertes

– fournir un service et le rendre visible (compte Delicious du CDDP d’Indre-et-Loire)

– diffuser les résultats de sa veille (voir par exemple sur le site de l’URFIST de Rennes)

 

D/ Différentes plateformes de partage de signets

Il existe plusieurs plateformes de partage de signets, que l’on peut répartir en deux catégories, d’importance inégale : les plateformes généralistes et académiques.

Les plateformes généralistes : elles s’adressent au grand public ou à tous les publics, et proposent des signets sur tous les sujets. On y trouve :

Delicious : la plus ancienne, créée fin 2003 aux Etats-Unis par Joshua Schachter, pour gérer ses propres signets. Elle s’appelait à l’origine del.icio.us. Rachetée par Yahoo en décembre 2005, elle est devenue Delicious, puis a été revendue par Yahoo, en avril 2011, à la société AVOS. C’est la plus importante plateforme de social bookmarking, en nombre de liens (plus d’un milliard) et d’utilisateurs (au moins  6 millions).

BlogMarks : également fondée en 2003, en France. Nombre d’utilisateurs non précisé.

Blinklist : créée en 2005, aux Etats-Unis. Annonce plus de 500 000 membres.

Diigo : lancée en juillet 2006 aux Etats-Unis. Avec 7 millions d’utilisateurs, il regroupe une importante communauté (notamment en France) et propose de nombreuses fonctionnalités très intéressantes. C’est cet outil que nous recommandons d’utiliser et que nous présentons plus en détails.

Pinboard : lancée en juillet 2009 ; l’outil se définit comme un  « site de gestion de signets minimaliste ». Il annonce environ 25 000 utilisateurs.

Pearltrees : lancée en décembre 2009 à Paris par une équipe d’ingénieurs français. Il s’agit d’un outil de filtrage et de partage des ressources, dans lequel celles-ci sont organisées sous forme visuelle « d’arbres de perles ».

 

Les plateformes académiques : elles s’adressent aux chercheurs et leur permettent de signaler et partager les articles et les ressources scientifiques. Depuis la fermeture de Connotea en mars 2013, il semble qu’il ne reste plus que Bibsonomy, lancée par l’Université de Kassel en Allemagne, et CiteULike, développé au Royaume-Uni.