Cultures numériques
dans l’enseignement

2. A partir de l’actualité


2.4.4 Qu’y a-t il de nouveau ?

L’affaire Snowden permet-elle d’apprendre des choses nouvelles ?

Le point de départ de ce questionnement est une émission « Place de la toile » intitulée

« NSA : Prism et consorts, quoi de neuf ?»Diffusée le 15 juin et disponible ici.

Si l’on en croit les deux invités (J. M. Manach et Jérôme Thorel), il n’y a vraiment rien de très nouveau dans les premières révélations. Nous remettons ici un peu en cause ce point de vue, maintenant que nous avons un peu plus de recul.

Un premier élément sibyllin, mais révélateur. Depuis ces révélations, certains services secrets russes ont abandonnés leurs ordinateurs et se sont remis à la machine à écrire.

Prism est un programme informatique mis en place par la NSA pour scanner les conversations numériques. D’où le slogan de campagne d’Obama déformé : « Yes we scan ! ». Il s’agit d’un moteur de recherche ultra puissants qui brasse les mels, chat, vidéos et autres documents et qui, en interrogeant par date, lieux, nom, IP…) permet une surveillance très poussée.

Sa révélation par Edward Snowden lève le voile sur les méthodes actuelles des agences de renseignement (internet et téléphone mobile).

Et les grandes oreilles ? Effectivement des révélations ont été faites il y a une dizaine d’année à propos du programme Echelon. Depuis les années 90, 99 % du flux de communication intercontinentales passent par 250 câbles sous-marins en fibre optique. Les anglais sont devenus maîtres de l’écoute de ces câbles qui constituent la colonne vertébrale du Net (Backbone). Ce mode d’écoute est complémentaire de celui de Prism.

Le stockage est-il un problème ? A lire les articles produits sur le sujet, on tombe sur des paradoxes plus ou moins réels. Dans le cas de Prism, on parle de 3 à 5 jours de conservation des données et d’un effacement de la quasi-totalité passé ce délai, faute de moyens de stockage de ces quantités colossales de données. Il faut cependant pointer la place des métadonnées dans le cyber espionnage. Elles constituent le contenant des conversations et même anonyméees elles permettent, par croisements, de retrouver les personnes qui ont communiqué entre elles. Pour les américains, ces métadonnées, qui peuvent être conservées sur le long terme, ne sont pas des données personnelles.

Ce qui est nouveau c’est qu’il y a maintenant des preuves formelles. Elles permettront au débat d’avoir lieu, sans que l’on crie à la paranoïa ou que l’on dénonce la « théorie du complot ».

Ce qui est nouveau aussi, c’est la révélation de la collaboration obligée des géants du Net. Il n’est donc plus possible de leur accorder notre confiance. La concentration des données sur des serveurs américains est en contradiction avec l’esprit d’Internet et constitue une source du problème.

Il est normal qu’il ait des services secrets, mais ils doivent rendre des comptes après coup de leur action dans les pays démocratiques. La surveillance généralisée est par contre une des composantes des régimes autoritaires

Les Etats ont le devoir de protéger la vie privée des citoyens. Ceux-ci ne sont pas forcément conscients des dangers.

En effet, il y a peu encore, 90% de la population n’avait pas vraiment de vie publique. En Chattant, en bloguant, ou en tweetant, ils en ont développé une qui est encore peu intégrée.

Les arguments suivants sont souvent repris :

« celui qui n’a rien à se reprocher n’a rien à cacher » : Ce raisonnement fait l’impasse sur la notion d’intimité. En le poussant à l’extrême, on peut installer des caméras dans toutes salles de bains et les chambres à coucher.

« de toutes manières, c’est déjà trop tard ! » : la liberté a un prix. Il est possible de sortir des prisons dorées qui nous sont proposées. Par exemple, en cryptant nos données sensibles (à commencer par la liste de nos mots de passe). On nous vend de l’ignorance à travers nos smartphones, par exemple et nous achetons le confort et la tranquillité.